La vallée des Iris, aux éditions Dialogues, illustré par Nono, vient d’être sélectionné en tant que 2e finaliste au « Prix du Carnet de voyage – AEB – 2020 ».
La chambre de veille 2012 réédition 2014 augmentée d'une postface de Marc Le Gros
La Chambre de veille a été écrit lors d'un hiver à Ouessant, dans le sémaphore du Créac'h, sur la côte nord de l'île. L'auteur évoque la verticalité du bâtiment qui s'organise autour d'une salle ouvrant sur l'océan, la puissance des éléments, le mystère des lumières, de la nuit, du vent et de la mer. A partir de ce lieu emblématique se développe, comme en cercles concentriques, un regard sur la géographie de l'île et la vie de ses habitants. Méditation sensible et personnelle, visions traversées par l'urgence de l'expérience poétique. Le sémaphore, fidèle à sa vocation, enfante une écriture. Editions Maurice Nadeau, 2012
Petit Nord, suivi de Le troisième affût, 2006 Citadel road, Vannes 2006 Une procession de petits pingouins s'aligne au creux des vagues, comme un pardon célébré dans la joie : une métaphysique du calme. En quelques pages d'une écriture méticuleuse et inquiète, c'est l'un de ces si rares chefs d'oeuvre en poésie. A la fois précis de science imaginative et traité de métaphysique discrète, PETIT NORD est surtout une magnifique ode au vivant, qui n'est jamais si crédible qu'à la dérive battante. Emmanuelle Le Cam Cet ensemble, épuisé sous sa forme originale, a été repris dans "Ecrits de nature", vol.3, Atlantique Nord (mai 2020)
L’heure bleue 2004 Editions Blanc Silex
L'Heure bleue s'inspire de ce bref moment du crépuscule où les couleurs se fondent avant de verser dans la nuit. C'est aussi, par extension, une rêverie sur l'acte d'écrire en poésie, une réflexion sur la lisière qui sépare la réalité de son report dans les mots. C'est enfin un effet de l'atmosphère subarctique entourant Saint-Pierre et Miquelon et Terre-Neuve, ces îles situées dans l'Atlantique Nord et qui sont, par excellence, des terres poétiques. Alexis Gloaguen les a longuement parcourues, y écrivant ces pages en extérieur dans des endroits qu'il affectionne. Après Le Roc et la Faille (Blanc Silex, 2001), il évoque ici la manière dont les lieux et les instants se transforment en textes. L'Heure bleue se place dans le flou qui précède l'apparition mystérieuse de la parole poétique. Cet ensemble, épuisé sous sa forme originale, a été repris dans "Ecrits de nature", vol. 3 Atlantique Nord ( mai 2020)
EXTRAIT Trois jeunes goélands, autour de leur mère, s'allongent sur l'eau en position de détresse, exagèrent leur fragilité malgré leur corpulence, poussent des pépiements qu'ils oublieront une fois l'adulte envolé. J'en observe d'autres, poussins de quelques jours, mimant l'immobilité des pierres dans un berceau d'herbe. Mon rêve décolle avec leur ébullition de cris, tandis que j'approche des « trois Cheminées » de l'île aux Vainqueurs. Je m'étonne encore des tests d'oursins et des carapaces de crabes trouvés en ces bas-fonds de carex, en ces sentiers ouverts dans l'oseille et l'épervière. Je m'enivre au sourcil jaune du bruant des prés soutenant le gris du ciel. Je m'éveille à la puanteur de la colonie d'oiseaux qui me rapporte à je ne sais quel souvenir éternel.
Malgré tout, je ne suis pas venu pour rendre compte, ni même pour apprendre. Tous ces grappins qui m'ancrent à la réalité ne m'aident qu'à glisser vers le crépuscule des textes, vers leurs feux de fin du jour où se révèle en silence leur véritable nature. La vue doit mener à la vision, l'objet à un retournement de l'œil, la lumière ne plus rien baigner et se muer en aveuglement.
Puis je trébuche en cette anse du sud-ouest sur les ossements d'un cachalot échoué là il y a quinze ans : omoplates et mandibules pavés d'alvéoles, ogives à cloportes, émiettées par le temps jusqu'à la perte de l'odeur : orientation ligneuse de cette vie qui fendit l'eau noire.
Des profondeurs où se tinrent tous ses combats, ce corps fut remonté par la mort, dirigé vers le rivage où aujourd'hui il exprime comme un destin le texte vers lequel il était orienté. Or je cherchais ces vestiges, je savais qu'ils existaient. Avec un peu de chance, réduisant le hasard, j'espérais les intégrer dans l'indolence de mon cheminement.
Le roc et la faille 2001 Moëlan-sur-Mer: Blanc Silex (Granit) Le géologue Aubert de la Rüe comparait l'île du Colombier à une tortue géante, posée sur la mer. De fait on dirait, prête à se détendre, la tortue matamata : ce sont les mêmes contours indécis, les mêmes aspérités de roc et les à-plats de limon qui la font se confondre avec la boue des rivières d'Amazonie. C'est le même cou télescopique et le crâne aux narines effilées qu'elle porte parfois en siphon vers la surface Cet ensemble, épuisé sous sa forme originale, a été repris dans "Ecrits de nature", vol.3, Atlantique Nord ( mai 2020)
L'Envol de l'ours 1998 Cet ouvrage, épuisé dans sa forme originale, a été repris dans "Ecrits de nature", vol.3, mai 2020 Envol de l'ours est, sur un petit format, assez caractéristique de la manière dont j'avance. Comme un historien, je pars d'une trace et lui pose des questions, sans savoir si le travail entamé aboutira. Je tourne autour, en quelque sorte, jusqu'à recueillir, avec le temps, une réponse en clin d'oeil. A la curiosité -qualité première selon Léonard de Vinci-, il faut ajouter là une longue patience, et croire que le monde s'exprimera toujours à nouveau. A certains égards, il est langage, même si, pour le faire parler, il ne faut pas ménager sa peine. J'avais vu un ours traverser une route forestière à Terre-Neuve: au-delà de l'impression de miracle et d'un coup de lame de l'instant, pas de quoi écrire un livre. D'autant que je n'ai ni méthode ni régularité. Je me lançais à l'aventure sans savoir où j'allais et si je trouverais un air permettant d'y appuyer mon vol. Je partais d'un événement fortuit pour voir où il me mènerait. J'ai rencontré des gens, me suis documenté, ai découvert une tanière désertée en été. J'ai parcouru la montagne de Gros Morne, mais, même alors, rien n'était sûr. Tout cela ne pouvait déboucher que sur des points de suspension à moins d'un vrai contact. Même si j'appréhendais l'ours dans son absence, commençais à entrer dans ses intuitions, le texte n'existait pas. Jusqu'à la rencontre, régulièrement relancée, de cette femelle et de ses petits, laquelle fit basculer l'écriture de l'autre côté et m'accorda, par une maïeutique non-humaine, ce petit livre. (extrait de la préface de "Ecrits de nature", vol.3)
La folie des Saules 1992 ouvrage réédité en 2017, illustré par Jean-Pierre Delapré, par les Editions Maurice Nadeau, dans "Ecrits de nature" tome 1. La Folie des saules est un voyage immobile dans les marais d'eau douce (étang de Noyalo) et les marais salants (Falguérec en Séné) de la région de Vannes. L'auteur a tenté là des affûts de longue patience. Un long chapitre concerne la chouette effraie, observée dans son milieu électif, la nuit.
Extrait: L'île est un ancien talus, détaché par la montée des eaux du barrage. Ce n'est guère qu'une série de souches, une dorsale préservée, augmentée par les plantes. Quelques chênes, aux racines trop mouillées, y ont péri peu à peu pour être remplacés par des végétations lacustres. Cette épine de terre réagit comme un grand navire et, les jours de vent, trace presque un sillage. J'y étais allongé quand je sentis un ébranlement de tout le sol, analogue à ceux qui parcourent les structures flottantes lorsqu'elles touchent à quai. Je crus que quelqu'un venait de prendre pied derrière moi: c'était le heurt d'un fort tronc d'arbre poussé par la brise. Ainsi je me sens orienté vers une étrange croisière de connaissance dont j'ignore encore presque tout: où j'irai et comment j'en reviendrai.
Le Pays voilé 1990 Le Pays voilé, paru aux éditions Calligrammes-Bernard Guillemot en 1990, est épuisé dans cette édition. Il a été réédité, sous forme augmentée et illustrée par Jean-Pierre Delapré, par les éditions Maurice Nadeau, dans "Ecrits de nature", tome 2: entre Ecosse et Bretagne " Certes, on ne peut se satisfaire d'extases temporaires, de l'immersion passagère dans un cri d'oiseau marin ou dans un beau simulacre de brume. Pourtant ces réalités restituent le rêve. Elles s'en approchent et nous imposent leurs urgences". Ce "manuscrit d'Ecosse" est une méditation constante sur l'homme dans la nature, inséparable de la jubilation poétique. Le Pays voilé est sans doute celui de mes livres le plus proche du récit de voyage, même si chaque chapitre, globalement thématique, s'oriente vers des aspects bien précis qui sont traités, non sous forme de narration, mais sous la forme d'une succession d'images. Celles-ci, par simple juxtaposition impressionniste, devaient servir, non à épuiser tous les aspects de la vie écossaise, mais à cerner l'expérience partielle que j'en ai eue, celle des grands espaces et des paysages. Mais ce qui me guida surtout lors de cette année sabbatique -durant laquelle je suivis ma compagne qui avait obtenu un poste de lectrice dans trois collèges du comté de Ross, au nord-est de l'Ecosse-, ce fut la poursuite du plaisir d'écrire en extérieur et dans la nature, par tous les temps. Dehors toujours, ou presque: on location, disent les cinéastes
Une Passerelle de sable (1990) ouvrage réédité en 2017, illustré par Jean-Pierre Delapré, par les Editions Maurice Nadeau, dans "Ecrits de nature "tome 1. Une passerelle de sable se présente comme un parcours crépusculaire de la baie d'Audierne. C'est un parcours de la longue plage de sable et de galets qui va de La Torche aux marais de Tronoën et à Plovan. Commencé avant l'aurore, le récit s'achève après la nuit tombée et, sur une douzaine d'heures, suit le balancement des marées.
Extrait: Une compagnie de mouettes pygmées palpite, erratique dans la diffusion solaire. Elle tourbillonne avec les rayons filtrés par les nuages. De leur vol chaloupé de sternes, ces oiseaux unissent le marais au miroir de la mer et passent le cordon littoral dans un murmure, un pépiement suggéré. Resserrées, ces mouettes le sont, jusqu'à la couleur noire sous leurs ailes, jusqu'aux pointes de flèches qui marquent l'envergure des plus jeunes. Leur papillotement accuse la dispersion cancéreuse et gloutonne des goélands au retour des bourriers. Leurs cris se rapprochent de l'oubli. L'homme et son histoire s'hypertrophient alors et s'éloignent en silence. C'est que la présence de ces mouettes muettes, longeant les côtes jusqu'à leurs aires de nichée sur la Baltique, nous surprend comme une chose dont il nous manquait la prescience. Un goéland argenté traverse un instant leur errance voltigée qui s'étire ou se rassemble à l'orée du matin, et je sais avoir jusqu'alors "contemplé une eau impure en la prenant pour une source claire".
Traques passagères 1989 paru aux Editions Calligrammes en 1989, cet ouvrage est épuisé dans cette édition. Il a été réédité en 2017, illustré par Jean-Pierre Delapré, par les éditions Maurice Nadeau, dans " Ecrits de nature" tome 1
Prologue Les anciens Grecs jugeaient essentiel de préciser toujours le point de départ et le but visé, aussi bien pour définir un élan de pensée que la traversée d'un espace. De l'endroit où l'on était à celui où l'on va s'inscrit toute l'aventure d'un mouvement: trajectoire visible ou marche spirituelle. A cet égard, que l'on voyage dans la vision d'un insecte ou sur les versants d'une montagne devient équivalent. Les textes qui suivent sont en ce sens des parcours. Ils sont souvent les reflets de longues marches qui nous conduisirent, ma compagne et moi, d'un paysage à un autre. Et les moins mobiles d'entre eux furent des tentatives pour écrire le roman d'un lieu, étudié sous des angles divers, au long d'une série de recherches et d'expériences vécues. J'ai espoir que le lecteur, au-delà de la diversité apparente de ces pages, parviendra sans trop de mal à y déceler la présence d'un unique cheminement.
Dérive en phares 1979 Au grill de l'été un air tissé d'abeilles avant l'essaim